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Accueil Journal de bord BAHAMAS -> CUBA 23-26/05 - 350 miles de nav, ça use, ca use !!

350 miles de nav, ça use, ca use !!

Nous quittons enfin Georgetown le 23 mai après plus de trois semaines au mouillage a attendre quelques pièces pour le bateau. Jean et Lucie Ladouceur, nos copains bateau québécois, nous tiennent souvent une bien agréable compagnie et Jean aide Eric une fois de plus a installer notre tout nouveau trampoline tout beau tout neuf. Suricat peut enfin reprendre la mer et nous montrer ce qu'il a dans le ventre.

 

Nous avons beaucoup hésité entre la route par le Sud-Est direction Great Inagua au Sud des Exumas pour aller taper Santiago de Cuba et longer la cote sud avant de descendre sur les Caimans vers le Rio Dulce, ou taper la cote nord direction la Havane, le cap de San Antonio a l Ouest de cuba, puis Mexique et Belize pour atteindre le Rio Dulce au Guatemala.

Plus de 20 noeuds de Sud Est et plus de 2 metres de houle établis, nous optons pour le passage par le Nord car plusieurs jours de navigation vent et vagues dans la figure ne nous tentent pas du tout, surtout apres de si longues semaines sans naviguer.


Nous avions pourtant préparé toute notre route, les mouillages au sud de Cuba dans les jardins de la Reine, les arrêts…
Au dernier moment nous changeons donc notre route et pour une voie incertaine qui n'existe sur aucune carte et décidons de longer le sud de Andros Island (Bahamas) pour aller faire notre entrée à Cuba par le port de Varadero.

Un front de nord s'annonce mais nous partons tout de même, misant sur deux jours de calme annoncés avant la dépression, nous disant que le Nord-Est sera bon pour notre route.
Seule inconnue… la route par le Sud d'Andros n est pas du tout une route connue, même inexistante sur la carte de l'Explorer Chart Bahamas… Aucun blog ni aucune info sur internet sur le passage éventuel au Sud d'Andros.

Seule la carte Navionics indique un semblant de route dans ce dédale de hauts fonds et de récifs. Malgré le manque de confiance que l'on peut avoir sur les cartes Navionics aux Bahamas (elles nous l'ont confirmées à plusieurs reprise !), nous décidons de partir tout de même dans cette direction, route la plus courte pour relier Georgetown a Varadero.

 

Les prévisions météos ne sont guère engageantes, nous réalisons qu'il nous faudra finalement faire le voyage d'une traite, environ 3 jours et 2 nuits. Nous qui souhaitions faire des stops tous les soirs, revirement total de situation… Mais nous avons tellement hâte d'arriver à Cuba que nous voilà partis pour nos premiers jours et nuits de navigation !

 

Au passage de Cave Cay ou nous rentrons une dernière fois entre les iles des Exumas pour traverser le "bank" vers l'Ouest, nous croisons à nouveau la route de deux bateaux français que nous avions connus les derniers jours sur la plage de Georgetown, Thierry et Crissy de Serenity (Dean 440) et Alain et Celine de Eloane (ketch acier) qui voyagent ensemble depuis plusieurs années.

Sur la VHF ils nous encouragent, nous souhaitent bon vent et nous disent adieu avec beaucoup de coeur.
A peine croisés quelques instants et pourtant dejà très gentils avec nous, Thierry a même donné à Eric des films qu'il a faits lors d' une formation mécanique STW fort instructive.

On se sent épaulés et soutenus dans notre entreprise de cette route peu commune. Au dernier moment Thierry a un peu peur pour nous car il ne voit notre route sur aucune carte et nous conseille de bien faire la route de jour et de naviguer à vue. Son appréhension nous gagne mais nous sommes partis, alors, advienne que pourra !

 

Nous entamons alors notre première nuit de navigation sous une lune pleine et éclatante, magique. La mer est calme, nous croisons quelques grains orageux qui nous apportent pas mal de vent et slalomons entre les grains toute la nuit.
Je découvre le "plaisir" des quarts de nuit dans les meilleures conditions, pas un seul bateau puisque la route n'en est pas une, pleine lune, mer d huile… initiation reussie !

 

Nous arrivons de jour au Sud d'Andros Island, le soleil dans le dos, 5 noeuds de vent et mer on ne peut plus plate, les conditions sont idéales pour traverser ce chemin douteux. Au final nous sommes chanceux, la route de Navionics est parfaite, nous avons plus de 3 metres de fond de sable tout le long sur des dizaine de miles !, nous ne croisons pas une seule patate de corail près du bateau et évidemment aucun bateau !

 

Eric passe la journée à l'avant du bateau à scruter d'éventuelles patates hasardeuses mais rien ne viendra nous déranger. Pendant ce temps je m'essaie à la confection du pavillon cubain (qui nous sera utile à notre entrée) que je réussis à ma grande surprise ! finalement, pour moi si peu douée de mes mains, c'est une immense victoire de donner vie à ce drapeau en utilisant divers morceaux de tissus trouvés a bord. Systeme D quand tu nous tiens !

 

De loin nous apercevons sur Andros d'énormes cumulo nimbus, un ciel bien noir, éclairs et des grondements de tonnerre. Nous apprendrons plus tard que Serenity et Eloane ont essuyé une tempête sur Nassau… nous sommes passés au travers, la chance des débutants ?

Nous recalculons notre route et nous rendons compte qu'à 5 noeuds de vent, malgré les moteurs, nous allons mettre bien plus de temps que prévu. Nous pensions arriver le samedi soir à Varadero et nous rendons compte que nous n'arriverons pas avant le dimanche midi…

Nous essayons de nous reposer autant que possible et le peu de vent et de mer nous le permet.

 

La deuxième nuit commence sous des auspices magiques: sur les coups de 20h30 en ce vendredi 24 mai j'aperçois dans le ciel une forme très étrange, comme une immense etoile filante qui fonce dans le ciel sous la lune, avec une longue traine, tel un météorite qui viendrait de traverser l'atmosphère. D un coup l'ovni semble exploser puis s'illumine et file à une vitesse incroyable plus haut dans le ciel etoile. Il faudra que je vérifie sur internet si ce soir la Cap Canaveral a lancé une fusée…
Si ce n'est pas le cas, alors nous sommes deux à pouvoir témoigner d'avoir croisé la route d'un vaisseau extraterrestre au sud des Exumas… Perdus en ce désert marin, voir une chose pareil nous donne une drôle de sensation… comme si nous étions seuls sur la planète le jour de son invasion par les petits hommes verts… (renseignements trouvé sur internet, il s'agissait en fait du lanceur Delta 4 parti de Cap Canaveral)

 

Est-ce d'avoir vu un beau lapin dans les nuages du petit matin ? cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu une petite panne, alors pendant que je fais la vaisselle à l'eau douce (une fois n'est pas coutume, nous voulons vider les tanks pour être moins lourds), d'un coup, plus d'eau…
La pompe à eau douce vient de nous lâcher… Cela aurait pu être une vrai catastrophe car plus d'eau dans le bateau, c'est pour le moins problématique… Mais ça aurait été sans compter l'excellente idée d'Eric avant de quitter Fort Lauderdale d'investir dans une pompe neuve de rechange "au cas ou"… Et bien le voici, le cas "ou" ! En deux minutes Eric installe la nouvelle pompe et nous exultons d'avoir investis les meilleurs 150 dollars de notre voyage dans cette pompe bénie. Il nous arrive souvent de nous féliciter des meilleurs dollars investis à ce jour. Les Crocs jaune fluo à semelle anti-dérapante d'Eric et la pompe à eau douce de rechange en font partie !

 

Samedi 25, cela fait deux jours que nous sommes partis, Eole se décide enfin à venir à notre rencontre, sensé nous apporter l'énergie motrice des nos belles voiles… Mais comble de malchance, arrivés au niveau de Anguila Cays (entre Andros et la côte de la Floride), c'est maintenant un reliquat de Golf Stream ou bien du courant du Yucatan que nous rencontrons… Toutes voiles dehors, les deux moteurs à mi-regime, 16 à 18 noeuds de vent au portant… Nous avançons parfois a moins de 4 noeuds !! c'est dire la force du courant contraire que nous affrontons. Comme il est opposé au sens du vent, le courant lève les vagues… Nous nous retrouvons très vite à naviguer avec des hautes vagues dans le dos, voir de travers, assez impressionnantes, au moment ou la nuit arrive. Les grains continuent à s'enchainer, la mer est bien formee, la dernière nuit de nav de ces 3 jours s'annonce très longue et beaucoup moins sereine que les 2 premières…

Heureusement les filles dorment d'une traite toute la nuit. Eric est obligé de veiller quasiment toute la nuit car la navigation est difficile, voiles en ciseaux, mer formée, vent instable… Je fais un petit quart et me réveille parfois pour l'assister dans les manoeuvres mais tel un guerrier il assure à la barre comme un chef, tenu bien eveillé par l'adrénaline des changements de puissances de vents et d'allures incessant. C'est bien sur au bout de 3 jours de navigation que celle ci se corce et arrive au bout de nos forces.


Nous atteignons Varadero le dimanche 26 mai vers midi, pile poil 3 mois apres notre entrée aux Bahamas, fourbus mais heureux de toucher enfin Cuba et d'avoir vaillamment passes 3 jours, 3 nuits et une demi journée de navigation.

Nous sommes obligés de nous mettre à quai à la Marina Gaviota à l'entrée de la Peninsule de Hicacos.

A postériori nous aurions du pousser par l'extérieur jusqu'à la Marina Aqua (ou Darsenas) 10 miles plus à l'Ouest, plus près de Varadero, mais nous étions pressés d'arriver… A la VHF la Guarda nous indique de nous mettre au quai d'entrée de la marina pour les démarches administratives dans un premier temps.
Débarque alors la myriade d'officiels. D'abord le médecin, très gentil et souriant, qui se contente de remplir des papiers avec le nom du bateau et de nous demander si nous sommes en forme. Il a fait 20 km depuis Varadero pour venir remplir un papier et nous serrer la main…
Puis montent les douaniers, pas moins de 3 pour venir remplir en divers exemplaires les infos sur le bateau. Je discute longuement avec eux, nous plaisantons, ils ont l'air ravis que je parle espagnol, les filles ont mis des drapeaux cubains imprimés partout dans le bateau ornés de coeurs et Coline a même revêtu sa robe d'espagnole pour leur faire plaisir… Est ce tout cela qui aide ? nous ne le saurons pas mais ils sont très avenants, gentils, s'excusent presque du temps que leur paperasserie nous impose alors que nous rêvons d'aller dormir.

Aucune fouille ni aucune animosité, tout se passe très bien ! Passe ensuite un jeune gars du phytosanitaire qui regarde mon frigo mais ne me fait heureusement rien jeter. Lui aussi se contente de remplir quelques papiers carbone…


En fin de journée vient le "vétérinaire" bien que nous n'ayons pas d'animaux a bord. Il était sensé regarder a nouveau nos fruits et légumes mais se contente de monter sur le bateau, encaisser ses 5 pesos CUC et repart. Voilà, les formalités d'entrée sont faites ! nous sommes "presque" libres !

Je dis "presque car il nous est interdit d'aller au mouillage dans le coin. Les officiels m'expliquent que nous n'avons pas le droit d 'aborder la terre en annexe car ils redoutent que des Cubains s'emparent de notre dinghy et partent avec aux Etats Unis. Pour cette raison, nous pouvons aller à terre si le bateau est amarre à la marina, mais hors de question d'y arriver en dinghy ! Et cela sera pareil à toute nos escale de Cuba !


Apres environ 3 heures de démarches, nous devons nous installer au quai de la marina et changer le bateau de place. Au total il faudra compter 80 dollars de visa pour nous quatre, 10 dollars de frais d'entrée à Cuba , 20 pesos CUC de douanes et 5 CUC pour le vétérinaire, soit grosso modo 115 dollars pour rentrer dans le pays.

 

Un employé de la marina, ancien capitaine de bateau, prend les commandes de Suricat pour le mettre cul a quai. Un autre monte à bord pour làaider aux manoeuvres de pendille mais aurait mieux fait de s'abstenir… Sans chaussure et utilisant comme gaffe son crochet à poisson, au moment de récupérer la pendille à l'avant du bateau, il s'ouvre sévèrement le pied au niveau d'une veine. Nous sommes partageé entre la pitié pour lui et la frustration de voir notre trampoline flambant neuf, même pas fini d être installé, souillé d'immenses taches de sang rouge vif, une quinzaine d'empreintes de pied sanguinolentes qui recouvrent toute la partie tribord du trampoline… Pendant que j'essaie comme je peux de soigner le pauvre homme, Eric installe vite le kacher qui viendra plus ou moins à bout des tâches au bout de plusieurs heures…


Varadero ne nous inspire pas du tout, succession d'hôtels à touristes et sans âme, nous avons hate de partir aussi tôt que possible et décidons de quitter la marina pour la Havane des le lendemain une fois reposés.


Le marin qui nous avait aidé la veille aurait d'autant mieux fait de s'abstenir qu'il nous a attaché le bateau à la pendille en utilisant une de nos amarres toute neuve car le bout de leur pendille était trop court. Au lieu de faire un aller-retour avec notre amarre, il  l'a attachée avec un noeud de fortune. Au moment de quitter la marina le lendemain, j'ai beau faire le plus vite possible, et y mettre toutes mes forces, il m'est impossible de défaire son noeud totalement en tension sur la pendille… Eric manoeuvre comme il peut pour me laisser du temps mais force est de constater que notre amarre est inamovible… Je suis obligée de la laisser retomber dans l'eau sombre, et par mégarde je laisse notre gaffe attacheé à la pendille pendant que je m'escrime à recuperer notre amarre, elle file entre mes doigts et tombe également à l'eau…
Impossible de refaire toutes les manoeuvres pour nous remettre à quai, il est 17h et nous devons quitter la marina pour la Havane. Nous quittons donc Varadero avec une gaffe, une amarre neuve en moins et un trampoline souillé… Un peu cher l'arrêt d'une nuit !

 

La Havane est à environ 90 miles de là. 18 noeuds au portant, cela s'annonce plutôt bien. Mefiote ! Quand ça s'annonce bien, ne jamais croire que c 'est du tout cuit…
A peine la nuit tombée, nous touchons une succession de grains et le vent monte à plus de 30 noeuds. J'aide Eric aux manoeuvres et il se bat pendant des  heures contre le vent qui mollit et tombe parfois à 2 noeuds, puis repart en quelques minutes à 25 noeuds, oscille entre le nord-est et le sud-est tous les quart d'heures… En ciseau d'un coté, en ciseau de l 'autre… Nous nous attendions à une nav tranquille, vent et vagues dans le dos, à la voile… Mais  il n'en est rien et une fois de plus, Eric veille quasiment toute la nuit, à la barre la plupart du temps car le pilote est totalement inefficace "voile en ciseau", les voiles un coup à tribord, un coup à bâbord, un coup en ciseaux… Nous faisons une pointe à plus de 11 noeuds pour retomber peu de temps apres a moins de 2 noeuds… A rendre fou le capitaine…
En pleine nuit, nous croisons un énorme navire, sans feux de route et qui ne répond pas à la VHF malgré tous nos essais. Sur l'AIS nous voyons son nom, son cap et … sa "vitesse"…annoncée a 0,8 noeuds, ce qui signifie qu'il est arrêté (ou presque), mais là où il se situe il y a plus de 1000 metres de fond… Impossible de voir où est le cul-cul et ou est la te-tete… En réalité ce gros super tanker ne bouge pas, ne répondra jamais à nos appels VHF et nous ne saurons jamais ce qu'il faisait la, arrête au milieu de rien (nous apprendrons bien plus tard que c'était une plateforme pétrolière...)

 

Nous avions peur d'arriver trop à l'aube à la Havane, mais quand je prends mon quart, c'est pétole qui commence et nous finissons tout le trajet au moteur pour arriver à la Havane à plus de midi le lendemain… on ne peut jamais savoir le temps qu'on va mettre pour arriver à destination… Les dernières heures avant d'arriver il nous faut slalomer entre les petites embarcations de pecheurs et leurs filets, les énormes rondins de bois et autres inombrables déchets qui flottent partout, et les filets de pêche tout le long de la côte. Nous manquons même de pêcher un cadavre de poulet avec nos lignes ! Nous naviguons au milieu d'une immense décharge marine, sans doute tout cela charrié au large du port de la Havane par les pluies récentes, bel accueil !
La navigation n'aura pas été de tout repos mais à midi le 28 mai, nous voilà à la mythique Havane !!!

 

Arrivés à la marina Hemingway, malgré toutes nos démarches déjà effectuées à peine 48H avant à Varadero, nous avons droit à un nouveau débarquement d'officiels à bord et pas moins de 3 heures de démarches à nouveau. Cette fois les 3 gardes qui montent a bord regardent un peu plus les cabines et les placards, mais une fois de plus, je papote avec eux et nous plaisantons, rions, parlons de choses et d autres. J'offre meme un coca à l'un d'entre eux qui a un gros rhume et ne se sent pas très bien.

Les plaisanteries en espagnol ont du leur plaire, ils nous traitent très gentiment bien que très longuement. J'ai meme droit à une petite "entrevista" avec un monsieur de l'immigration dans son bureau ou trônent fièrement des photos du Che et de Fidel, ça annonce la couleur.

 Ils nous mettrons sous scellé notre malette de fusées de détresse et il faudra négocier un peu pour qu'il ne fasse pas de même avec le téléphone satellite grâce auquel nous avons la météo... car pas d'internet à Cuba, ou quasiment pas.


C'est seulement en milieu d'apres midi que nous nous amarrons au quai de la Marina Hemingway, toute décrépie et sans âme, mais qui nous ouvrira les portes de "La Habana" que nous attendons depuis si longtemps. L'endroit est un peu cafardeux et désertique, les environs ressemblent à un décor de fin du monde et notre fatigue nous sape un peu le moral. Mais les jours qui vont suivre à la Havane seront à la hauteur de nos attentes, pleins de surprises, d'atmosphère, de rencontres, de musique, de culture, de couleurs et de coups de coeur. Cuba, SI !!!!

Navigation au clair de lune entre le sud d'Andros island (BAHAMAS) et Varadero (CUBA)
 
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