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Accueil Journal de bord PANAMA - 7/03-30/03 - Les cinq travaux de Suricat

Les cinq travaux de Suricat

Une des caractéristiques de la vie de bateau, c'est l'alternance, toujours évolutive et rarement prévisible, entre détente et labeur.

 

Fini l'oisiveté et la jouissance des mouillages paradisiaques des San Blas, il est temps de se remettre à la tache.

 

Se préparer pour le Pacifique est un vrai marathon, une course contre la montre et une mise a l'épreuve de notre résistance physique et nerveuse. Un mois de travaux divers et varies nous attendait et ne nous a pas decu!

Il faut dire que nous avions mis la barre un peu haut, en plus des préparatifs standards que tout plaisancier appréhende un peu (approvisionnements, passage du canal, check du bateau), nous avions décidé de reequiper Suricat et de lui faire une peau neuve en le carénant aux Perlas. Tout un programme!

 

J'ecoute et reecoute la fable de Lafontaine au son de la voix de Fabrice Luchini, Le chartier embourbe.

 

A la sauce Suricat ca donnerait à peu pres cela:

 

"Les voilà qui détestent et jurent de leur mieux,
Pestant en leur fureur extreme…
Tantot contre leur char, tantot contre eux-mêmes.
Ils invoquent a la fin le dieu dont les travaux sont si célèbres dans le monde.
Hercule, lui disent-ils, aide-nous.
Si ton dos a porte la machine ronde, ton bras peut nous tirer d'ici.
Leur prière étant faite, ils entendent dans la nue une voix, qui leur parle ainsi :
"Hercule veut qu'on se remue, puis il aide les gens"

Aide-toi, le ciel t'aidera!"

 

L'aide ne viendra pas du ciel mais bien de notre propre volonté et ténacité.

Organisation, motivation, anticipation, bonnes rencontres et bons tuyaux sont plus que jamais nécessaires pour boucler le programme et nous sentir fin prêts.

 

 

Travail # 1: Les appros pour le Pacifique


En général, les courses, ou plus communément surnommées "appros", dans l'organisation de la vie de bateau sont toujours plus ou moins une partie de plaisir. Parfois un supermarché bien achalandé et pas cher se trouve par bonheur au bout d 'un dinghy dock (en fait en y réfléchissant bien, je n'en connais pas, ou en tous cas, pas des bons marches!).

Mais la plupart du temps le remplissage des frigos et des placards passe par une ballade en dinghy, une ballade a pied , en taxi ou en bus, un retour charges comme des mulets par le meme chemin et enfin un Tetris bien pense pour ranger tout cela intelligemment dans les cales, sous les lits ou derrière les coussins du salon. En temps normal, il s'agit d'appros pour deux ou trois semaines, rien de bien méchant, parfois meme plaisant si l'on est bien accompagne.


Mais ce coup-ci, on passe dans une autre dimension, on fait des appros pour 3 mois! En effet, mieux vaut compter large car le voyage jusqu'en Polynesie sera long, et arrives aux Marquises, on sait dejà qu'il ne faudra pas s'attendre à trouver de tout, ni a des prix abordables.

 


Les appros pour le Pacifique en chiffre ca donne:
- 2H d'élaboration pour la liste des courses, avec calculs savants des quantités de farine, d'huile, de sucre, de boites de thon, mais, lait, j'en passe et des meilleurs
- 6H aller-retour en bus local ou en camionnette du supermarché selon les cas (depuis Portobello, les appros se font a Sabanitas, un patelin a environ 1h30 du mouillage en "chicken bus" multicolore et tonitruant)
- 10 caddies remplis à ras bord la première fois, puis 5 la deuxième fois et encore un ou deux pour le troisième plein
- 25 cartons de plus de 15 kg chacun, charges dans la camionnette du supermarché, puis decharges sur le dock, puis charges dans le dinghy en pas moins de 10 aller-retour, puis decharges dans le bateau…
- 2000 usd en tout et un ticket de caisse de 7 metres de long
- 12H la première fois entre le départ du bateau et la fin du rangement, 8H la deuxième fois et 4H la troisième.
On a maintenant de quoi tenir un siege!
(voir Infos Pratiques, appros Panama)

 

 

Travail # 2: Installation du dessalinisateur flambant neuf et récupération du parc de 240kg de batteries neuves


Dessalera, dessalera pas… Cette conversation a dure plusieurs mois, rebutes comme toujours par l'importance de la dépense (5000 usd au bas mot), la méconnaissance des produits (quel sera le mieux adapte, le moins energivore, combien de litres a l'heure, quelle installation??), nous avons fini par laisser pencher la balance en faveur du "pour".

Si, dans la caraïbe, nous n'avons jamais souffert du manque d'eau, toujours trouve de l'approvisionnement (robinets de villes ou de villages, ponton de marina les rares fois ou nous y sommes passes, rivière sauvage, eau de pluie et efficacité de notre récupérateur…), nous savions que cote Pacifique, cela serait beaucoup plus complique.

 

Nous connaissons les périodes de longue secheresse aux Tuamotus, nous voulions être tranquilles pour le Pacifique, autonomes en eau à boire également, et à la revente, un bateau équipé grand croisière et autonome en eau aussi bien qu'en énergie serait toujours un plus. Bien nous en a pris car depuis le Roatan en décembre, nous n'avons à ce jour (6 avril!) plus revu une seule goutte de pluie!


Prendre la décision fut finalement une affaire de plus et de moins et un lâcher prise de la directrice financière sur le suivi du budget. Restait a mettre en oeuvre. Choisir le bon dessal adapte à nos besoins, le trouver, en négocier le prix et l'acheminement au Panama, anticiper les besoins pour l'installation, se renseigner de partout pour comprendre comment se débrouiller une fois la "bête" arrivée sur le bateau. Apres moultes tergiversations et recherches, nous finissons par trouver le meilleur produit pour nos besoins, un Spectra Cap Horn 330 60L/heure, ne consommant que 18 Ah avec une possibilité de descendre a moins de 8 Amp en mode 30l/heure.

 

Livre au Panama par les bons soins de Marinewarehouse (voir Infos Pratiques, les livraisons et dédouanement a Panama). Notre bonne étoile nous avait remis sur la route de Te Ara aux San Blas, qui ont exactement le même dessalinisateur depuis 5 ans, et ont permis a Eric d'analyser et copier toute l'installation, comprendre le fonctionnement et poser toutes les questions utiles pour éviter les mauvaises surprises, les manipulations malencontreuses qui peuvent, en deux temps trois mouvements, anéantir tout l'investissement en quelques minutes. Car bien sur, a 5000 sud la bécane, peu ou pas de manuel d'installation, aucun panneau électrique ni vanne ni tuyau, aucun schéma… demerden Sie sich!


Encore fallait-il le récupérer ce dessal de 60 kg avec sa membrane de 1,5m de long. Arturo de Marinewarehouse nous a facilite les choses pour nous éviter un aller-retour couteux de Portobello a Panama City (une journée et plus de 100 usd encore pour le trajet), il trouva un livreur Fedex qui se rendait sur Colon et dispose à déposer le bebe sur le chemin, a Sabanitas.

 

C'est donc pendant le fameux épisode d'appros de 12H et 10 caddies que je gérais de surcroit cette livraison, récupérais devant le supermarché Super 99 la machine infernale, la laissait à la consigne du supermarché sous les yeux intriguées de la préposée aux sacs a main, en sachant au moins que personne ne risquait de me l'embarquer par inadvertance ni par malveillance vu le poids et le volume du paquet, et rentrais le soir avec mes 25 cartons de briques et de conserves et l'immense boite du Spectra tant attendu.


Bien inspires de l'avoir pris cote Portobello dans un mouillage calme car l'installation pris au moins 3 jours à Eric, du matin au soir, le nez et le reste du corps aussi sous le lit de la cabine arrière tribord (place incongrue mais pas si mauvaise pour caler un dessalinisateur), avec un aller-retour en bus (5h en tout) à Panama City au passage pour rechercher les bouts de tuyaux et autres câbles qui n'étaient bien sur pas livres avec le bazar.

Evidemment les tuyaux sont toujours trop courts d'un mètre, les embouts pas adaptes, les pas de vis ne coïncident pas, et les magasins chinois de Portobello sont apparus comme de petits miracles, oasis de plomberie dans ce désert de ship shandler. Mais au bout de quelques jours nous avons dignement fete, à l'eau!, mais pas n'importe laquelle, le nouvel apanage de Suricat.


Le voila producteur d'eau douce! Eric Gyver nous a une fois de plus economise un installateur couteux et pas forcement plus efficace que lui et, pour reprendre sa formule toujours aussi vraie, on n'est jamais mieux servi que par soi-même, au moins sait-il ce qu'il a fait, comment il l'a fait et comment fonctionne le shmilblick.


Anticipant les futurs prix et problèmes de livraison qui nous attendent en Polynesie, et toujours dubitatifs sur l'état de santé de notre parc batterie qui se montre un jour efficace, le lendemain parait mort pour ressusciter le surlendemain, nous avions également commande un parc de batteries neuves. Commander et payer fut plus simple que récupérer… On nous avait averti des galères de mouillages et de dinghy cote Pacifique et c'est in extremis qu'Arturo, toujours lui, nous livre, le matin de notre départ pour le passage du canal, les 240kg de parc de batteries, sur le quai de Portobello. Apres avoir porte, puis embarque dans le dinghy, puis debarque à bord, des dizaines de cartons de nourriture plus lourds les uns que les autres, charger les 8 batteries de 30 kg chacune nous a presque paru une formalité.

Enfin, je dis presque car 30kg resumes dans un pave de 30cm de long sur 20cm de large sur 35 cm de haut, cela fait une sacre densité au cm2… Eviter de le laisser choir dans la mer si possible, puis de le laisser s'écraser sur un doigt de pied, les descendre un par un a bout de bras dans les cales moteurs, ce fut encore un sacre manège!

 

 

Travail # 3: Organisation du passage du canal


Avant le passage du canal proprement dit, il y a l'organisation du passage. On trouve de tout sur internet comme informations, plus ou moins à jour, plus ou moins engageantes. Nous étions prêts à passer par un agent devant le flou artistique que ça avait l'air d'être et puis, comme d'habitude, la bonne information est tombée au bon moment.

ALors que nous nous apprêtions a partir des San Blas, nous avions retrouve Oniva qui avait eux-mêmes rencontres peu avant des AUstraliens qui leur avait fourni le saint Graal: un petit document très clair, précis et exhaustif qui détaillait comment s'y prendre et s'en dépatouiller tout seul (voir Infos Pratique, Les formalités pour le canal, tout y est mis en français dans le texte).


Quelle aubaine! Nous décidons de suivre leurs conseils avises et de nous économiser des frais d'agent et suivons à la lettre les consignes australiennes.

 

Envoyer un formulaire, puis appeler le bureau des mesures, puis se rendre au "Flat" pres de Colon, au milieu des porte-conatiners, bateaux de croisières véritables immeubles flottants ou encore remorqueur et autres pétroliers, se faire mesurer, aller payer a la banque, en cash uniquement bien sur, les 1875 dollars que coutent le passage du canal pour un moins de 50 pieds, sans oublier son RIB pour se faire rembourser ultérieurement les 891 dollars de caution au cas ou nos formidables coques en gel coat abimeraient les murs de béton sensibles des écluses, prendre contact avec les autorités du canal pour planifier le passage, louer les pneus de protection des coques au cas ou le bateau se retrouverait projete contre les parois des écluses, louer les aussières qui serviront a retenir fermement le bateau pendant que l'eau se vide, monte ou descend, créant des courants intenses et des remous inquiétants dans les eaux troubles et mouvantes des écluses, trouver les 4 line handlers (teneur d'aussières) nécessaires et obligatoires sur la bateau en plus du capitaine pour passer les écluses, les récupérer a bord et se rendre le jour J au Flat a nouveau pour attendre le pilote et se lancer dans l'aventure....


Ici tout n'est question que d'organisation et de planification, faire les choses avec ordre et méthode, appeler au bon endroit, au bon moment et ne rien oublier. Nous avons donc suivi scrupuleusement tout ce modus operandi et tout s'est déroulé a la perfection.


Oniva nous avait averti que les mesureurs prenaient en compte tout ce qui dépasse du bateau, aussi bien panneaux solaires que dinghy ou bout dehors. Et la attention, le moindre pouce de trop peut couter très très cher… Car dépassé 50 pieds, le tarif du canal augmente vertigineusement (au moins 500 dollars de plus au premier pouce de plus). Nous réalisons avec frayeur que notre bout dehors mesure plusieurs pieds qui peuvent nous être fatals et nous faire passer de 46 a 50 pieds en un clin d'oeil…


Le mesureur qui vient a bord sur le Flat a l'air affable mais il a bien tout prévu, et se met à regarder scrupuleusement tout ce qui dépasse… Il se lance dans la mesure et notre chance vient du fait qu'il sollicite mon aide pour positionner son mètre et additionner les différentes tranches de mesure du bateau. Ainsi donc, je tiens le bout de son mètre a chaque tronçon, et, profitant de chaque mouvement de tête baissée, j'avance a chaque fois de plusieurs centimètres par rapport au dernier repère ou il m'a placée.


En 4 tronçons, je gagne ainsi beaucoup de terrain et nous parvenons à une mesure totale de 49 pieds… Petite arnaque pas bien méchante mais qui nous économisera 500 dollars, il faut savoir jouer avec son degré d'honnêteté quand cela est nécessaire…


Apres des annonces placées un peu partout dans les bars et restaurants de Portobello, à la marina de Shelter Bay, sur les différents sites Facebook, nous finissons par trouver les 2 lines handlers qui nous manquaient (nous avions deja à bord Cathy et moi même sensée servir de line handler en plus de cuistot et de garde chiourme).

 

Yves, joyeux retraite ayant lui même un catamaran et avide de se faire une première formation au passage du canal avant de passer lui même dans quelques mois. Et Jim, un canadien anglophone vivant 6 mois par an a Panama City et ayant toujours reve de vivre l'expérience du canal. Encore un personnage haut en couleur, ayant vécu mille vies, construit ses propres avions et s'étant écrasé avec l'un deux en s'en sortant sain et sauf, été prof de karaté et m'enseignant encore de nouvelles techniques de self défense, joueur de guitare invétéré et chanteur de blues, gestionnaire de patrimoine à ses heures perdues et grand supporter de l'aventure de Suricat.


Le dimanche 23 mars nous nous rendons donc sur le Flat, prêt à en découdre avec le légendaire canal de Panama, sujet de tant de discussions de marins, mêlées d'appréhension et d'excitation, d'histoires croustillantes ou angoissantes. Nous ne voulons pas nous laisser emporter par les rumeurs et les conseils tous différents et varies, nous attendrons d'y être et de nous en sortir le mieux possible.

 

Travail # 4: Le passage du canal


Dimanche 23 mars, 17H, nous sommes sur le Flat avec Zouk, le bateau jumeau de Suricat (le Bahia 46 construit juste avant le notre, dans le meme hangar!), car nous nous sommes arranges pour passer en meme temps le canal. Deux bateaux strictement identiques, avec deux capitaines qui s'entendent et se comprennent, ca doit nous assurer un passage en douceur.


Nous attendons nos pilotes respectifs, un brin anxieux tout de même avant le grand saut. La sentence tombe lorsqu'ils arrivent: nos deux catamarans sont sensés passer avec un "tug boat", un remorqueur, qui sera tranquillement installe entre nous deux pendant que nous servirons chacun de pare-battages géants le long des murs des écluses.

 

Cela n'augure rien de bon. D'une part, parce que les écluses ont beau être larges, passer à trois bateaux est jouable, mais avec trois petits bateaux, ou trois monocoques, ou un catamaran et deux monocoques. Mais notre ami suisse de Oniva nous a prévenu, pour avoir vu passer 3 catamarans a couple, cela laisse très peu d'espace le long des murs des écluses et complique dangereusement les manoeuvres.


Alors avec un énorme remorqueur de 15 000 chevaux imbrique entre nos deux gros catamarans, nous ne l'envisageons pas, mais alors pas du tout! D'autre part, nous avons entendu que, quelques jours à peine avant notre passage, un monocoque est passe à couple avec un de ces gros remorqueur, responsable des manoeuvres au moteur puisque plus puissant, et que ce remorqueur s'est plante dans ses manoeuvres, ce qui a occasionne un broyage en bonne et due forme du pauvre monocoque colle a son flanc…


Chacun à notre bord, nous tentons de convaincre nos pilotes respectifs que nous avons une peur bleue de cette configuration. Ils commencent par nous dire que si nous souhaitons passer un autre jour, qu'à cela ne tienne, nous pouvons le faire moyennant un deuxième paiement du passage du canal… Mais nous gardons en tête les conseils de Tito, le loueur de pneus et expert du canal, nous restons les propriétaires de nos bateaux, les maitres à bord, le canal se déchargeant de toute responsabilité, si nous ne voulons pas envoyer nos navires au casse-pipe, nous avons le droit de refuser une situation qui nous semble dangereuse.

 

Au final nous obtenons gain de cause, le remorqueur passera seul devant nous et nous passerons, comme nous le souhaitions, à couple Zouk et nous, au milieu des écluses.

 

Bien nous en a pris! Car à la première écluse nous assistons à l'effarant spectacle du fameux remorqueur merdouillant dans ses manoeuvres, ne parvenant plus à garder sa position le long des écluses et qui se met a chasser de l'arrière train et se  retrouve en travers du canal!

 

Nous transpirons a posteriori en imaginant ce que cela aurait donne avec nos deux beaux catamarans de gel coat blanc propulses par les moteurs du remorqueur en plein sur les murs agressifs des écluses du canal… Nous l'avons tous deux échappé belle!


Notre pilote est totalement désinvolte et regarde des films sur son Android pendant tout le passage nocturne des trois premières écluses. Le pilote de Zouk, très sérieux et qualifie, pilotera  les deux capitaines en simultané. Damien et Eric, concentres comme jamais, tiennent fièrement la barre de leur navire. Les bateaux avancent de concert, un coup du bâbord, un coup du tribord, "reverse now!". Les ordres sont clairs et précis, leur application immédiate. Damien et Eric nous jouent un quatuor a quatre mains, se consultent dans le calme et le silence de chacun pour leur permettre de communiquer.


Jim et Yves font des liens handlers parfaits. Cloues à leur poste pendant plus de 3 heures sans même prendre le temps de diner ni de boire, ils attachent les toulines envoyées par les hommes casques du haut des écluses, renvoient les aussières, les reprennent puis les relâchent au bon moment, arrêtent le bateau sous les ordres du pilote pour le maintenir droit et centre dans le canal, l'empêcher de se laisser emporter dans les remous impressionnants et l'important courant que génère le brassage de l'incommensurable volume d'eau dans les écluses.

 

Leur rôle et celui de leurs acolytes a bord de Zouk est primordial. Une erreur de manipulation de la part de l'un ou de l'autre, un maintien trop tardif des aussières, et c'est le bateau voisin qui risque de partir en crabe en travers du canal, voir contre le mur oppose. Très vite tout est bien rode, chacun concentre et sérieux, les équipes travaillant dans une communication simple et efficace.

 

Nos deux bateaux jumeaux montent ainsi de 26 mètres au dessus du niveau de la mer, laissant derrière eux la première partie caribeenne de leur aventure, surplombant du haut de la première écluse la partie nord du Panama, comme un rite initiatique pour acquérir le droit et le privilège d'atterrir dans le Pacifique, vers de nouveaux horizons, vers de nouveaux défis.


Arrives a l'entrée des écluses à 19H ce soir la, nous franchirons la troisième porte du premier tronçon a 22h et rejoindrons le mouillage du lac Gatun peu de temps apres.

 

Nous fêtons tous ensemble notre première étape sans accroche, fourbus mais heureux, au son de la guitare et de la voix de Jim. Tous les bateaux du mouillage (3 autres bateaux sont passes juste avant nous) se retrouvent sur Zouk, nous ne comptons plus les équipages, les nationalités qui se mélangent ici ce soir la, nous avons tous en commun les 3 heures intenses du passage, la joie de se retrouver sur ce légendaire lac Gatun cree il y a exactement 100 ans et qui nous offre une halte incongrue entre la Caraibe et le Pacifique.


Le lendemain matin, en attendant le retour des pilotes, nous profitons d'une baignade mythique dans le lac, à la plus grande joie des petits et des grands. Malgré la présence avérée de crocodiles dans le lac, nous ne résistons pas à l'envie de plonger et batifoler dans l'eau douce. Les crocos n'oseraient pas s'approcher de tant d'humains bruyants et gesticulants, remontes a bloc et vigoureux a souhait!


Sur les coups de 10h, le pilote de Zouk revient, le même à notre grand soulagement car il a été parfait le premier jour. Nous récupérons fort heureusement un autre pilote plus implique que celui de la veille et nous naviguons une bonne partie de la journée sur le lac. Zouk a le droit de naviguer a la voile, notre pilote nous l 'interdit formellement, dommage, l'occasion était trop belle… 18 noeuds au travers !!


Arrives à la première écluse des trois qui nous attendent encore avant le Pacifique, nous récupérons un petit monocoque qui se met à couple de Zouk. Suricat se retrouve sur le cote, avec pour charge de maintenir à lui tout seul, contre le mur précédant l'écluse, les trois embarcations.


Nous devons nous mettre là un bon moment et laisser un immense porte-containers se positionner derrière nous avant que la porte ne s'ouvre. Si nous l'avions laisse devant, ses propulseurs d'étraves auraient occasionne tant de remous que nos bateaux auraient eu le plus grand mal a garder leur alignement dans le canal.

 

Nous mettons bien a profit les pneus loues a Tito, presses comme des citrons contre le mur râpeux, la vision de notre coque si blanche et douce comme une beau de bebe, si proche, à quelques centimètres de pneus près, de ce mur menaçant, le vent et le courant poussant le poids des trois bateaux contre cet écueil, cette attente me semble interminable…

 

Une fois de plus les manoeuvres conjointes des deux capitaines hors pair, qui assurent comme des chefs, sous les ordres directs et précis du pilote de Zouk, permettent aux deux jumeaux et au petit appendice colle à Zouk de sortir de là sans bobos et d 'entamer la deuxième partie du passage.


Cette fois, nous descendons de 26 metres. Les ecluses se vident a force de remous et de courant qui mettent à rude épreuve les marche-arriere de nos moteurs et tendent les aussières comme des arcs de guerriers.

 

A nouveau, silence et concentration, admiration des phénomènes, nos visages reflètent tous un mélange de bonheur, de fierté, d'ébahissement face a l'infrastructure que nous traversons, et d'un brin d'inquiétude a chaque fois que le travail recommence.


L'accouchement se termine à 19H le lundi 24, Pacifique, nous voilà! Nos Bahia passent fièrement sous le pont des Amériques, nos visages heureux mais aux traits tires, nos bateaux indemnes et nos capitaines riches d'une nouvelle expérience réussie.

 

Nos deux familles viennent a nouveau de partager un grand moment de vie!

 

 

 


Travail # 5 et pas des moindres: le carénage à Las Perlas


Mon professeur de mathématiques en prepa, lorsque nous tentions vainement de recracher nos connaissances dans nos devoirs pour compenser le fait que nous ne savions pas répondre à la question ou résoudre l'équation tarabiscotee, et tartinions tout ce que nous pouvions pour noyer le poisson, avait coutume d'inscrire dans la marge un réprobateur "QQJFL".

 

Nous connaissions tous son humour particulier et surtout la signification de ce sigle… "Qu'est ce Que Je Fous La", qui indiquait, très clairement, qu'il n'était pas dupe et que la tartine n'avait aucune place ici.


Et bien, des années apres, et mon cerveau ayant depuis fort longtemps oublie toutes les intégrales et autres lois de probas, le QQJFL a surgi du fin fond de ma memoire des que nous avons entame ce cinquième travail d'Hercule :

notre entreprise de caréner le bateau en le posant sur le sable dans une ile de Las Perlas, joli petit archipel à une journée de navigation de Panama, profitant de l'important marnage de l'équinoxe pour nous laisser le temps de gratter puis de peindre, fut aussi folle que réussie, mais durant 5 longues journées je me suis demande inlassablement "Qu'est ce Que Je Fous La"?? (en y rajoutant un petit Bord… de M… de P… de mes C… comme ultime ponctuation dans les moments de fatigue les plus intenses).


Et oui, nous avions cela sur notre liste mais n'avions pas imagine la hauteur de la tache, son cote harrassant sans parler de quelques bons moments de stress incontournables.

 

Comme lorsque, n'ayant pas anticipe que l'arriere du bateau, bien plus charge que l'avant, ferait basculer celui-ci vers l'arriere, enfonçant les safrans dans le sable et leur faisant supporter un poids qu'ils auraient prefere éviter;

 

Ou comme lorsqu'Eric, pour le second échouage, tachant de caler un tronc d'arbre d'environ 1,5m sous la coque pour soulager les safrans et les hélices, manqua de peu de se faire défigurer à vie, le bout de bois étant brusquement sorti de son logement et lui bondissant a 2 cm du visage tout charge de la pression des dizaines de tonnes qu'il avait subi, tel un diable fou sorti de sa boite;

 

Ou encore lorsque, à minuit à la lumière de la lampe torche et dans un nuage de moucherons, l'hélice que nous devions ôter pour la remplacer par nos hélices neuves ne veut pas sortir de son logement, une pièce en métal étant vrillée à l'intérieur, empêchant son ablation, et qu'Eric, dans un soudain élan, et apres avoir du choisir entre le risque de nous retrouver bloquer dans ce paysage lunaire sans plus de propulseur, ou celui de traverser le pacifique avec nos vieilles hélices inadaptées et nos hélices neuves à 3000 dollars au chaud dans leur boite,  joua notre va-tout et força d'un coup sec sur le cône d'hélice récalcitrant.


5 jours et 6 échouages, du grattage de jour et de nuit, profitant des marées basses de 11h et 23h, allonges dans la vase, accroupis, à genoux ou courbes en deux le long de la coque, à frotter puis peinturlurer notre Suricat comme une prostituée de luxe, 5 lettres, car c'est tout ce que j'etais encore capable d'aligner, tourbillonnaient dans ma tete… QQJFL!!


Le chartier embourbe c'était nous, Hercule n'a pas répondu dans la nue, mais nous avons sorti Suricat de la vase apres sa mue, sa peau neuve et rouge maintenant nous renvoyant l'image de notre fougue.

 

A présent couleur Ferrari, avec sa coque rouge et lisse et ses hélices qui ne le ralentissent plus ni ne le font vibrer de toute part, il est prêt à nous faire traverser la terre!


Couverts de vase, d'antifooling et de sueur, les yeux creuses, les muscles endoloris, nous n'osons meme plus nous regarder tant l'image de l'un renvoie à l'autre sa propre condition de travailleur de goulag, mais une fois de plus, cette expérience nous a forge, nous a grandi, nous a permis de repousser nos limites, nous aura montre que tout est possible.
(voir Infos Pratiques, Le carénage à las Perlas)

 

 


Infos pratiques:

 

Appros Panama:
Les appros au Panama peuvent se faire à différents endroits. Nous avons opte pour Portobello, car bien que les supermarchés REY et SUPER 99 soient a Sabanitas, à 1h30 de la en bus, le mouillage est calme et le dock public pratique pour tout décharger et récupérer en dinghy. Si l'on depense plus de 800 usd, le supermarché livre avec sa camionnette gratuitement (alors qu'un taxi prend 40 usd pour rentrer à Portobello!). Mieux vaut prévenir la responsable avant le début des courses, ils sont habitues de la chose et mettent quelques bras a disposition, ce qui fait une aide non négligeable!
Possible également de mouiller à Colon devant le Club Nautico, en face de la première passe (la plus petite). Le Super 99 est à une minute en taxi. Possibilité de tout débarquer au dinghy dock du Club Nautico moyennant quelques dollars, encore et toujours. Possible aussi de faire ses courses a Colon et livrer a Shelter Bay, mais cela implique de séjourner dans cette marina couteuse. Cote Pacifique, mieux vaut oublier les gros appros. Que ca soit au Balboa Yatch Club, à la Playita ou à las Brisas, les débarquements en dinghy sont compliques, les mouillages extrêmement rouleurs et le chargement de l'équivalent de dizaines de caddies pourraient vite tourner au cauchemar.

 

Pieces et livraison Panama:
Apres avoir etudie de multiples possibilités et s'être toujours confrontes au problème du dédouanement et de la livraison, nous avons decide , et bien nous en a pris, de travailler avec Marine Warehouse. Ils sont fiables, obtiennent de bons prix et sur place, Arturo se debrouille autant qu'il peut pour arranger la livraison.
Contact a Miami: Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. / Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. / Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.   / sur skype Albert Bijl. A panama, Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. , tel Arturo Panama : 67 02 92 56
Nous avions au préalable cherche les équipements ou pièces dont nous avions besoin, obtenu des devis intéressants, et demande à Marinewarehouse de nous trouver des prix équivalents. Cela a permis de diminuer nettement les tarifs, et notamment d'obtenir un dessalinisateur de meilleur qualité que celui que nous avions trouve, pour 2000 usd de moins que le prix public. Nous avons eu un SPECTRA au prix d'un ECOTHECH. Idem pour les batteries, l'antifooling, les hélices Kiwiproprs, et autres pièces dont nous avions besoin, Marinewarehouse a fait acheteur et intermédiaire, tout en s'occupant du dédouanement a Panama (1% de taxe) et de la livraison sur place en fonction de nos besoins.

 

Formalites pour le canal: pas besoin d'agent!
Il suffit de suivre à la lettre le fonctionnement suivant et tout se passe bien, les choses sont bien rodées et pas utile de payer un intermédiaire pour cela.
- Envoyer le formulaire pdf ci-joint rempli par mail a Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
- Appeler ensuite au +507 443 2298 ou +507  443 2314, le bureau du "measurement" pour prendre rendez-vous au Flat pour la mesure
- Se rendre au Flat (espace delimite par des bouées jaunes, en face de la grande passe de Colon) pour la mesure un peu avant l'heure prévue
- L'officiel fait tous les papiers (et ne demande aucun papier, meme pas le cruising permit ni les papiers du bateau!) et vous donne votre numéro d identification et des documents qu'il faudra remettre a la banque
- Une fois la mesure faite, on aurait environ 1 mois pour prendre rendez-vous pour le passage du canal mais si vous avez deja une date en tete, autant tout finaliser d'un coup
- On peut mouiller au Club Nautico dans la petite anse juste devant l'ancien club nautique (en face de la petite passe de Colon). Il y a un dock ou on peut descendre et laisser le dinghy sous surveillance moyennant toujours quelques dollars… mais de la, on trouve facilement un taxi pour se rendre a la banque ou a la zone libre ou a Colon 2000 juste a cote  ou il y au un Super 99 (on peut meme aller a pied a Colon 2000, ca ne craint pas). Facile de continuer ses courses entre Colon 2000 ou le centre de Cuatro Altos, ou la zone libre. L'immigration se trouve aussi a COlon 2000 a cote du Super 99 ,on peut y faire ses papiers de sortie du Panama. Nous ne sommes jamais senti en insécurité a ce mouillage du Club Nautico. Il n'est pas des plus grands ni des plus confortables mais idéal pour les demarches, meme faire du Diesel ou de l'eau le long du quai, et s'éviter l'exorbitante marina de SHelter Bay pour les petits budgets ou pour ceux qui ne veulent pas se faire plumer.
- Avec les papiers du measurement, se rendre a la banque City Bank en taxi, celle qui est derrière le quai des gros containers, les taxis connaissent, et aller payer EN CASH, les 1875 USD pour le passage du canal. Ce montant inclut un déposait de 891 sud qui sera rendu ultérieurement. Il faut donc bien penser a emporter son RIB a la banque pour remplir le papier qui leur indiquera ou vous renvoyer ce déposait.
- une fois le paiement a la banque effectue, on peut appeler les autorités du canal au  +507 27 24 202, ils vont donner la date de passage mais il est possible de convenir avec eux d'une autre date. Il peut y avoir entre 1 journée et 5 jours d'attente pour le passage.
- les rappeler la veille du passage pour connaitre l'heure de rendez-vous au Flat et mieux vaut y être avant pour éviter les surprises de dernières minutes.
- Si on doit attendre 48H avant le passage, pas besoin de retourner jusqu'à Portobello. Possible d'attendre au Culb Nautico, ou au Rio Chagres, 6 ou 8 miles a l'ouest, ou a Isla Naranja, 6 miles a l'est de Colon.
- quelques jours avant le passage, appeler Tito au +507 64 63 5009 pour louer les pneus (3 usd par pneus, nous en avions pris 8 et complete avec nos 5 parebattages) et louer les 4 aussières de 40m (15 usd par aussière). Il peut aussi fournir des line handlers pour le canal, des gars bien et qui connaissent bien les ecluses, mais qu'il faudra nourrir et payer environ 75 sud par line handlers. On doit avoir a bord 4 line handlers en plus du capitaine. Penser a proteger ses panneaux solaires et autres hublots fragiles avec des coussins ou des cartons au cas ou les toulines tomberaient de haut dessus, ca evitera la casse!

 


Carénage à Las Perlas, Panama
Crique entre Isla Bayoneta et Isla Malaga, point GPS: 08.29.576N / 79.03.207 W

(Ne pas suivre le trajet rouge qui n'est pas une route mais prendre en compte uniquement la position du bateau pour indication.)

 
Webdesign, photos, videos & visite virtuelle : www.ericpinel.com

 

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