Ce jour est à marquer d'une croix blanche pour nous, pas tant parcequ'il semble que nous échappions à la fin du monde, mais parce que notre ami Pierre vient d'envoyer par Fedex le sacrosaint pavillon St Marteen.
Bien que temporaire pour 3 mois, il est notre saint Graal car sans ce petit carnet acte de propriété, nous sommes des sans-papiers de la mer, des clandestinos, "por no llevar papel, para burlar la ley", la la la la laaaa...
Fin des divagations, si cela nous émeut autant c'est parce que dans notre cas, rien de simple:
Bateau sous ancien pavillon allemand, acheté à un Allemand aux Etats-Unis, (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué), il nous fallait donc un nouveau pavillon.
Des heures de recherche, de consultation de forum, d'appel en métropole à différents douaniers ou agents des affaires maritimes pour ne jamais obtenir une information totalement claire ni complète, d'information et contre-information...
Nous courrions deux chevaux à la fois. D'un côté notre plan A, le pavillon de St Marteen, aidé de notre ami Pierre qui y réside, un grand avantage pour son faible coût mais malheureusement, visite du bateau exigée sous trois mois.
Nous ne savons pas encore comment nous allons nous y prendre, mais il nous faut un papier, obtenons-le et nous aviserons ensuite...
Plan B: la francisation. Le plus cher et compliqué des pavillons qui ne fait pas honneur à notre terre patrie. On a beau être français, avoir un bateau de construction série français, fournir une douzaine de documents, payer 600€, envoyer "Tonton Philippe" en personne défendre notre dossier dans le bureau des douanes de Toulon... nous n'avons pas pu obtenir notre acte de francisation.
Il manque toujours un document, bien évidemment introuvable et qui nécessite lui même de nombreuses et fastidieuses démarches.
Notre facture de cession du bateau, sous modèle anglo-saxon, ne leur convient évidemment pas, il aurait fallu remplir le bon vieux document franchouillard, et le faire signer à présent par un ancien propriétaire parti déjà bien loin dans son nouveau camping car flambant neuf, faire uriner son pitt-bull ailleurs que dans les cales de notre bateau.
Le plan A, bien qu'imparfait, a enfin abouti aujourd'hui et le petit carnet, notre passeport pour nos retrouvailles familiales et le début de notre aventure, est en route dans les bras de Fedex pour rejoindre la marina de Zhaniser's. Reste encore à se rendre à Baltimore pour obtenir un "cruising permit" sans lequel nous risquons la confiscation de Suricat, voir la taule pourquoi pas pour le malheureux contrevenant qui se hasarderait à naviguer sans les autorisations requises (car oui, quel crime!).
L'aventure "Red Tape" comme disent les américains n'est pas encore finie, mais on approche de la lumière du bout du tunnel, de la fin de notre ancien monde de terrien pour notre nouveau monde de marins. Suricat ronronne doucement et s'impatiente de prendre la mer, car, on a eu tendance à l'oublier ces dernières semaines à sec sur le chantier, il est tout de même fait pour ça...