J' AI VOULU VOIR HOFFMAN ET ON A VU HOFFMAN
Après le calme de nos 48H dans Great Bahama Bank, la fête est finie…
On aimerait que ce roulis désagréable soit le fruit de notre sommeil paradoxal mais il n'en est rien. 1 heure du matin, le vent s'est levé, nous ne sommes plus les bienvenus au mouillage dans Great Bahama Bank. Envie ou pas, il est l'heure de lever l'ancre et de partir.
Commencent alors nos premières manoeuvres de nuit, d'autant plus pénibles qu'elles nous arrachent à notre doux sommeil. On lève l'ancre et la grand voile et manque de chance, le vent est bien au portant mais mystère pour nous, les vagues ne sont pas dans notre dos pour nos offrir un joli surf, mais de cote…
La nuit va être longue, pour Eric surtout, qui se met à poste et bataille comme il peut jusqu'au petit jour pour que Suricat chahute le moins possible. Contre toute attente et alors que le bateau tangue et craque, les filles dorment à poings fermés et n'ouvriront un oeil que vers 7heures du matin pour crier, comme elles en ont pris déjà l'habitude "Terre en vue"!!!!
Nous arrivons assez fourbus au point le plus nord des Berry Islands, Great Harbour Cay, et mouillons dans un coin qui n'a pour intérêt que de nous offrir un semblant d'abri. Mais après la nuit qui vient de passer, c'est tout ce qui compte!
Mouillage devant le rocher de Goat Cay d'où on aperçoit la cime de deux énormes bateaux de croisières qui viennent déverser sur ces cailloux désertiques leur horde de touristes pour qui des plages ont été spécialement aménagées et qui chevauchent des jets skis toute la journée malgré le vent froid et la houle…
Chacun son truc, mais nous ne sommes pas mécontents d'être isolés sur notre douillet Suricat et tirons profit de leur présence qui semble nous aider à capter internet, et donc la météo à venir.
Apres une journée frustrante de fatigue et de froid, nous décollons le jeudi matin direction Hoffman Cay. Les Explorer Book, véritables bibles incontournables sur les Bahamas, décrivent l'endroit comme le plus beau coin des Berry Island. Des bateaux copains virtuels avec qui j'ai eu quelques échanges par mail nous en ont également dit beaucoup de bien. J'ai donc hâte de voir ce fameux endroit et m'enlever de la tête les dernières 24heures.
Nous jouissons d'une navigation paisible, cette fois ci le vent ET les vagues avec nous, sous un beau soleil, et descendons plus au sud des Berry Island. Quelques 25 miles à parcourir, mais avec notre GV et son ris obligatoire suite à notre dernière avarie, nous n'allons plus aussi vite qu'avant.
S'entame alors une discussion entre le capitaine et le capitaine en second… Eric me dit à raison que si je voulais faire du moteur, on aurait du acheter un bateau à moteur. Je lui rétorque que si l'on veut profiter de l'endroit dont on nous a parlé et arriver en début plutôt qu'en fin d'après midi, il faudrait arrêter de tirer des bords, même agréables, et foncer tout droit au moteur…
Est-ce parce que j'ai mis mon nom en tant que Capitaine sur les papiers de clearance ou parce que Coline commence à se plaindre d'un léger mal au coeur, nul ne sait mais ma cause l'emporte.
Une fois n'est pas coutume, j'ai été bien inspirée car nous arrivons juste après midi à Hoffman Cay…
Si les protagonistes de la chanson de Brel veulent voir Virzon ou Vesoul, libres à eux.
Pour ma part, j'ai voulu voir Hoffman et on a vu Hoffman!
Les photos en diront plus long que mon pauvre vocabulaire. Nous mouillons cette fois ci en face d'une petite plage déserte de sable fin et son eau cristalline (voir les bons mouillages).
Ni une ni deux, l'annexe est à l'eau en moins de temps qu'il n'en faut d'ordinaire, tout le monde est prêt pour aller découvrir "l'ile aux pirates" que nous avons vendue aux filles.
Coline oscille entre plaisir (pour l'endroit) et frustration ("mais maman, tu avais dit qu'on trouverait un trésor de pirate et y en a même pas, c'est nul!). Eden a perdu toute la verve qui la caractérise et ne sait plus que crier "Youhouuuuhouuu!" en courant partout, Eric part sur les chemins escarpés à la recherche de belles images et je glandouille enfin sur ma plage de carte postale, rien que pour nous.
N'est-ce pas en soi un peu un trésor de pirate?
Sur une deuxième plage nous saluons nos voisins de bateau, 3 américains sympathiques qui nous donnent de précieuses informations sur le trou bleu qui se cache à quelques criques de là. Grace à leurs indications nous trouvons enfin le repère des pirates et l'antre de la pieuvre géante (qui dormait à ce moment là, heureusement). Les filles baissent d'un ton, on ne sait jamais, et restent bien accrochées à moi, des fois que la bête existerait quand même un petit peu…
Cette journée fait partie de celles qui justifient tout le reste, nous a fait oublier l'épisode précédent un brin éprouvant et nous redonne l'énergie pour l'épisode suivant.
Nous décollons tôt de notre havre de paix en ce vendredi matin pour éviter la houle et le vent un peu trop fort prévu pour le jour suivant, car nous avons une grosse navigation à faire. Pas loin de 50 miles pour relier les Berry Island à Spanish Wells, au nord d'Eleuthera.
Après le "y a trop de vent!!!" , voici le "mais pourquoi y a pas de vent??" . Nous naviguons avec 8 noeuds de vent pendant 10 heures, les voiles appuyées d'un moteur, mais au moins c'est tranquille, et Eric pêche même son premier poisson de toute sa vie de Capitaine (en second, haha!).
Nous voila arrivés à Spanish Wells, un brin fourbus mais heureux de déguster notre première pêche. Et, à la différence de mes pâtes aux conques, ce coup-ci tout le monde se régale!